
Amy Hamm est une infirmière canadienne. Enfin. Nous devrions plutôt dire était.
Elle a été congédiée après 13 ans de service par son employeur, le Vancouver Coastal Health, après avoir été accusée de mauvaise conduite professionnelle par son ordre professionnel
Sa faute: avoir dit publiquement (et non dans le cadre de son travail) que le sexe était biologique et qu’on ne pouvait en changer. En treize ans de service, aucun patient n’a porté plainte sur la qualité des soins donnés par Mme Hamm. Ce sont les plaintes de militants qui ont mené à cette saga juridique.
Elle a osé parler de la réalité.
Acte répréhensible
Et pour elle, cette réalité est importante pour garantir les droits des femmes à, par exemple, revendiquer des espaces spécifiques dans les lieux d’intimité ou dans les sports. Hamm milite pour les droits des femmes, je le rappelle, non pas dans son milieu professionnel, mais sur la place publique, comme tout citoyen peut le faire.
Mais au-delà du fait qu’on la congédie pour ses opinions personnelles, il est crucial de souligner que son opinion repose sur un fait scientifique vérifiable: il n’existe que deux sexes biologiques.
Il est extrêmement inquiétant qu’un établissement de soins de santé considère qu’énoncer cette réalité soit un acte répréhensible méritant un congédiement. Cela devrait alarmer non seulement les travailleurs du domaine médical, mais aussi les patients, qui doivent pouvoir compter sur un système de santé fondé sur la science et la réalité biologique, et non sur une idéologie qui balaie ces fondements au profit d’une vision partisane.
Judiciarisation
Qu’on soit en désaccord avec son opinion, c’est possible. Mais que son ordre professionnel prenne position et la sanctionne pour cette opinion est un grave précédent pour n’importe quel travailleur au Canada: nos avis, nos opinions peuvent constituer des motifs de congédiement de la part de nos employeurs pour peu que l’on n’exprime pas «ce qu’il faut dire» dans notre vie de citoyen.
Maintenant, même quelque chose d’aussi banal que dire ou écrire que le sexe est binaire peut être un motif de congédiement au Canada. Notre société tolère que des pharmaciens refusent de donner la pilule contraceptive au nom de leur religion, mais une infirmière peut perdre son emploi parce qu'elle écrit sur les réseaux sociaux qu’il n’y a que deux sexes.
Le fait qu'Amy Hamm se positionne sur la réalité du sexe est une chose. Nous sommes personnellement en accord avec sa position. Mais même si elle défendait l’inverse et que cela lui faisait perdre son emploi, nous serions toujours en désaccord avec la décision à la fois de son ordre professionnel de la sanctionner pour cela, et de son employeur pour la congédier sur cette base.
On judiciarise la parole citoyenne. On judiciarise la réalité.
On affaiblit la liberté de parole, la liberté d’opinion. On met de côté la réalité par peur de déplaire.
Amy Hamm n’a commis aucune faute professionnelle.
Sa seule faute est de ne pas penser «la bonne affaire». C’est grave. Tout le monde devrait s’en inquiéter.
On congédie la réalité. On congédie la liberté d’expression.
Marie Wright, membre du Réseau féministe québécois
Alexandra Houle, présidente du Réseau féministe québécois